Rénovation énergétique des bâtiments, économies d’énergie à l’échelle d’un quartier, gestion numérique des collectivités… sont autant de nouveaux enjeux pour les villes. Interview de Caroline Cayeux, Présidente de Villes de France, pour faire le point sur le tournant énergétique que connaissent aujourd’hui les territoires. Décryptage.

Le secteur du bâtiment représente 45 % de la consommation énergétique de la France.

En France, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte comporte des objectifs ambitieux pour les bâtiments : 500 000 rénovations énergétiques lourdes de logements par an et tous les bâtiments en « basse consommation » en 2050.

ENGIE ambitionne de déployer 100 000 objets dans le domaine de l’efficacité énergétique dans les 5 prochaines années.

Des solutions au service des territoires

Pionnier de la transition énergétique, ENGIE développe et préconise des solutions de maîtrise de l’énergie au service des collectivités locales ou des particuliers : diagnostic des consommations multifluides et multisites, installation d’équipements techniquement plus performants, recours accru aux énergies renouvelables (biomasse, solaire et géothermie), actions sur le bâti comme l’isolation thermique, télégestion avec le pilotage à distance des installations. Toutes ces actions permettent aux collectivités de réduire leur empreinte énergétique, notamment via des contrats de performance énergétique.

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La révolution digitale permet d’amplifier l’action

Le numérique est sans conteste un outil essentiel dans la révolution énergétique. Il rend notamment le bâtiment intelligent, c’est-à-dire connecté et communiquant. L’arrivée des objets connectés, IOT1, permet d’ores et déjà de disposer de multiples informations dans de nombreux domaines (consommation, température, présence d’individus…) et ainsi de mieux piloter les installations et d’optimiser leur utilisation.

La modélisation 3D des bâtiments2 permet par exemple d’estimer leurs consommations futures en se basant sur leur maquette numérique, à partir de leurs consommations actuelles d’énergie et les travaux de rénovation réalisés. Des outils de modélisation qui permettront de mener des politiques de rénovation urbaine ciblées et ambitieuses, à l’échelle du quartier et de la ville.

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Interview de Caroline Cayeux, Présidente de Villes de France

Portrait de Caroline Cayeux ©Villes de France

Dans le contexte actuel de mise en œuvre de la loi transition énergétique pour la croissance verte, quels sont selon vous les grands enjeux énergétiques, notamment en matière de rénovation des bâtiments ?

Caroline Cayeux : Comme cela avait été largement rappelé lors des débats préparatoires à la loi, le seul secteur du bâtiment représente 45 % de la consommation énergétique de la France. Il est le plus important consommateur d’énergie et il constitue un gisement majeur d’efficacité énergétique. Il représenterait environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Dans la continuité de l’accord de Paris et de la récente conférence Habitat III des Nations Unies, nos villes françaises placent d’ailleurs au premier plan cette préoccupation, et pas seulement dans les nombreux documents de planification de nos territoires. Nous constatons que les bâtiments des collectivités locales représentent plus de 110 millions de m2. Ils sont le premier poste de dépense énergétique des communes françaises (69 %). C’est pourquoi l’amélioration de la consommation énergétique des bâtiments dans le tertiaire public s’avère une priorité. En parallèle, nous engageons aussi de nombreux accompagnements concrets pour les habitants, comme par exemple, des aides dédiées à la rénovation de l’habitat et à la lutte contre les copropriétés dégradées, en complément des aides de l’Agence nationale pour l’habitat.

Le numérique s’installe de plus en plus dans les villes. Que peut-il apporter dans la gestion globale de vos territoires ?

C.C. : Les villes de France construisent presque partout désormais, avec leurs agglomérations, des politiques liées au numérique globales ou thématiques, comme par exemple : un système d’éclairage public intelligent, l’optimisation des transports publics, la gestion des ressources pour renforcer l’attractivité économique ou encore la mise en place de pôles numériques pour accueillir les entreprises. Des obligations réglementaires comme la facturation électronique dès 2017 entraînent en outre des changements considérables dans l’organisation interne des collectivités. Le numérique permet une gestion des territoires par la donnée avec une ambition de performances renforcées. L’autre pilier des politiques numériques locales est la participation citoyenne, elle apparaît essentielle afin d’identifier les besoins réels et les expériences usagers. Dans les villes que nous représentons, l’ingénierie interne n’existe pas toujours suffisamment pour définir le cahier des charges global et identifier les prestataires adaptés. Les élus décisionnaires peuvent ainsi être amenés à s’interroger sur l’intérêt d’une évolution des prestations rendues aux habitants, et c’est la raison pour laquelle la gestion globale des territoires en matière de numérique s’avère nécessaire.

A l’aune de la réduction des ressources financières pour les collectivités, comment envisagez-vous d’assurer vos actions dans le domaine énergétique ?

C.C. : Les territoires urbains sont un grand consommateur d’énergie. Nous rappelons régulièrement que les dépenses d’énergie représentent près de 4 % de nos dépenses de fonctionnement. Toutes les communes françaises dépensent ensemble chaque année plus de deux milliards d’euros en achats d’énergie. C’est donc sur la maîtrise de la dépense que la transition doit avoir le plus d’impact. La transition énergétique, nous y avons certes un intérêt écologique, mais aussi un impératif financier, et c’est notre priorité. Nous sommes contraints d’encourager les modes de consommation les moins énergivores. Pour l’ensemble des observateurs, les financements proposés par l’Etat seront toutefois insuffisants pour faire face aux ambitions finales du texte voté. Prenant acte de l’incapacité financière de l’Etat d’aider directement les collectivités et les acteurs privés à mettre en place la transition énergétique, il sera nécessaire d’accroître la mobilisation des investisseurs dans nos territoires, aussi bien publics que privés, autour des principaux mécanismes de financement possibles. La commande publique reste aussi un levier déterminant pour assurer des actions efficaces dans le domaine énergétique.

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1 IOT : « Internet Of Things », Internet des objets
2 Building Information Model (BIM)

ENGIE, au service de l’efficacité énergétique des entreprises et des collectivités


 

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